Désolée ! J’aurais bien voulu prendre des photos de la maternité ! « La batterie du numérique m’a lâchée ; elle n’a pas supporté la surcharge de travail que je lui ai infligée pendant ces trois jours ; et sans électricité … » . Elle sourit, Alimata, comme pour me pardonner cette remarque déplacée dans ce lieu, ou peut-être pour donner plus de force encore à ce que je vais entendre : « Savez-vousque la plupart des accouchements se font la nuit ? Quand les femmes viennent accoucher au dispensaire, c’est souvent parce qu’il y a des complications. Je les accouche avec la torche coincée entre la mâchoire et l’épaule ! » Silence de mort. « A tout moment, je peux déraper … j’ai souvent peur ! »
Je n’en crois pas mes oreilles ! On ne peut pas avoir donné la vie et rester insensible à ce cri de détresse. Quelle claque !
Et elle poursuit : « Ah, si le dispensaire était équipé d’un panneau solaire ! » Le reste de la visite, je ne la vois ni ne l’entends vraiment : je suis obsédée par l’image que je me fais d’un accouchement ici. D’ailleurs, la salle d’attente commence à se remplir ; ce n’est plus le moment de s’attarder. Quand j’embrasse Alimata pour lui faire mes adieux, je me dis que je la reverrai … parce qu’en la quittant, je sais que je me battrai pour elle et le panneau solaire ! …